CRISE SANITAIRE

Vers une accélération de la transformation des banques et assurances

Pour plusieurs milliers d’entreprises de toute taille, le choc économique provoqué par la crise sanitaire du coronavirus a été brutal, beaucoup d’entre elles se sont retrouvées démunies. Contrairement à la précédente crise de 2008, celle-ci a touché de plein fouet l’économie réelle, en bousculant notre quotidien et nos pratiques habituelles de travail en équipe « in situ ».

Il a fallu changer la façon de travailler, certes pour faire face à l’urgence de la situation, mais aussi pour s’adapter au monde qui nous attend. Cette période est une occasion unique de repenser la manière dont nous pouvons travailler ensemble. 

Il faudra sortir de notre zone de confort. Certaines entreprises en ont pâti car les lacunes organisationnelles, le faible historique de recours au télétravail, ou parfois l’insuffisance des infrastructures associées rendent complexe la gestion de l’ensemble en un temps si court. D’autres ont pu tester avec un certain succès leur modèle et leurs infrastructures, et en tirent les conséquences en capitalisant sur les bonnes pratiques en matière d’efficacité du télétravail, voire de mise en place de certaines évolutions pérennes.

De plus en plus, nous allons avoir besoin de collaborateurs acteurs, en interaction, en peer to peer humain. Il nous faudra donc réinventer la façon d’accompagner nos collaborateurs et nos clients. A ce titre, les qualités de leadership seront essentielles, l’autonomie, la responsabilité, c’est aussi en cela que la distance peut avoir du bon. Elles sont aussi source de création de valeur, permettent le développement de l’innovation, accroissent la productivité et la valeur ajoutée, c’est aussi cela et uniquement cela que nous demandent nos clients. Certes, nous avons déjà bien avancé avec les réseaux sociaux collaboratifs et en particulier avec le développement des techniques modernes d’organisation de réunions, mais il faudra prendre en compte plusieurs facteurs multidimensionnels qui s’enchevêtrent : l’adaptation organisationnelle, l’adaptation des outils, l’adaptation des pratiques RH. On pourra aussi imaginer de nouveaux business models plus résilients et l’économie de la vie va sans doute devenir un investissement.

Pour aborder le panorama si large des sujets post-crise de la Covid-19, nous vous proposons plusieurs analyses, réflexions et interviews :

Un premier article de notre chef économiste propose des réflexions quant à la société de demain et les critères qui permettent d’appréhender les métiers qui pourront évoluer le plus vite, thème qu’il développe dans un livre qu’il vient de faire paraître aux Editions FORBES « Capitalisme et Technologies : les liaisons dangereuses ».

Cet article est suivi d’une analyse sur les évolutions en matière de services de paiement depuis mars dernier, le début de l’épidémie, et de l’interview de Monsieur Vincent BALOUET, dirigeant de Maitrisedescrises.com et expert reconnu de la gestion des risques majeurs et systémiques, et qui nous donne son point de vue global sur les facteurs clés de succès à court terme pour les DRH.

Nos experts de la Practice Conformité & Contrôle montrent ensuite que cette crise accroît sensiblement les risques opérationnels et les risques BC/FT au sein des institutions financières. En effet, cette crise aurait particulièrement augmenté la vulnérabilité des acteurs, des produits et des services de banques vis-à-vis des risques BC/FT, avec en toile de fond une évolution des compétences.

Monsieur Olivier JEAN, Chief Operating Officer de Compte Nickel, nous fait l’honneur et le plaisir de répondre à nos questions sur les risques qu’il perçoit comme les plus saillants dans le sillage de la crise.

Nos experts de la Practice Finance et Risque nous proposent également une interview de Monsieur Bruno ALEXANDRIAN, Responsable MOA Finance au sein de la Direction Financière du Groupe BPCE. Cet ITW nous éclaire sur la vision qu’il a des assouplissements européens en matière de normes prudentielles. Nous lui sommes très reconnaissants d’avoir accepté de nous consacrer de son temps.

Notre chromatique se poursuit avec nos experts de l’offre Gouvernance SI qui propose un article très détaillé sur la continuité d’activité en pratique et axée sur le dimensionnement des moyens dédiés à la continuité d’activité.

Enfin, nous clôturons ce numéro avec nos experts de la practice BFI-SI qui s’interrogent sur comment cette crise a changé l’application de procédures opérationnelles au sein de la banque, en les simplifiant, et en ayant recours avec plus de traitements digitaux.

Cette crise sanitaire, et ses impacts, ouvre de très nombreux sujets de discussion qui ne peuvent pas bien sûr être tous abordés, les derniers échanges avec nos clients et discussions au sein du cabinet ces derniers mois ont permis de choisir les thèmes abordés.

Nous espérons que vous prendrez plaisir à parcourir cette dernière édition de notre newsletter et nous remercions très chaleureusement nos clients et partenaires qui ont bien voulu prendre le temps de nous consacrer de leur temps dans un contexte où certainement, les priorités ne manquent pas.

Nous vous souhaitons à toutes et à tous une excellente lecture et une grande réussite dans la reprise de vos activités !

Ce projet consiste en la construction d’une base de données statistique européenne sur les crédits accordés par les établissements financiers. Composé de variables statiques, i.e. constantes toute au long de la vie du contrat et de variables dynamiques, i.e. mises à jour à chaque transmission mensuelle, le reporting Anacredit impacte aussi bien des domaines comme le Référentiel, la Gestion, la Comptabilité ou les Risques.

Anacredit vient, pour ainsi dire, agrandir la couverture d’informations mises à disposition par les régulateurs pour ses analyses et ancre davantage la notion de risque. À terme, ces informations détaillées devraient permettre l’accomplissement des missions de l’Eurosystème, du Système Européen des Banques Centrales (SEBC) et du Conseil Européen du Risque Systémique (CERS), mais serviront également à l’analyse des politiques monétaires, à la gestion des risques, à la surveillance de la stabilité financière et à la politique macroéconomique et de recherche. Ces données seront enfin utiles à des fins de surveillance bancaire dans le cadre du Mécanisme de Supervision Unique (MSU).

Une évaluation plus précise des risques de crédit doit en effet permettre des synergies avec les réglementations en vigueur (IFRS, BCBS 239…) et les reportings réglementaires existants. Cela doit également faciliter les études statistiques et optimiser l’analyse macroprudentielle des institutions financières dans la perspective, par exemple, de stress tests. 
Les établissements bancaires ont donc soumis leur 1er reporting Anacredit sur la base des données de l’arrêté du 30 septembre 2018.

Les défis majeurs auxquels les établissements financiers doivent se confronter résident à la fois dans la disponibilité et la qualité des données.

Pour cette première déclaration, les établissements devaient produire le reporting Anacredit au format attendu, dans les délais impartis en s’assurant que la qualité soit la plus élevée possible. Le non-respect des obligations des déclarations statistiques entraîne des sanctions infligées par les autorités de tutelle, pouvant aller jusqu’au retrait de l’agrément. À ce stade, elles ne sont pas appliquées, étant dans une phase de stabilisation de production du reporting.
Sa mise en œuvre s’est donc faite par étapes, rythmée par de multiples échanges avec le régulateur : définition des contrôles, mise en qualité des données, recommandations, bonnes pratiques ont été transmises par le régulateur.

En amont, ces échanges ont permis au régulateur d’avoir une visibilité au démarrage sur la capacité des différents établissements à produire le reporting demandé.
Après la phase de tests à blanc dite d’homologation essentiellement « technique » la phase de rodage a eu pour objectif de fiabiliser et de stabiliser la production du reporting en respectant un certain nombre de contrôles de qualité de la donnée : contrôle de l’exhaustivité, d’unicité, de cohérence, d’intégrité référentielle ou encore le respect de la définition des données.

Des données comme l’identifiant du tiers de contrepartie, sa forme juridique, la date de création d’un contrat ainsi que l’identifiant d’un contrat syndiqué ont pu être précisément spécifiées.
Ces types de contrôles sont bien sûr maîtrisés par les établissements bancaires mais ces derniers ont dû adapter leurs référentiels de données pour assurer la disponibilité de la donnée requise. De plus, une grande agilité est requise pour s’adapter à une réglementation qui évolue rapidement car à ce jour la BCE n’a pas encore stabilisé la liste des contrôles à appliquer.

Les différents échanges avec la BCE ont également permis la mise en qualité de certaines données comme le secteur institutionnel des Entrepreneurs Individuels souvent mal catégorisé par la plupart des déclarants.

Des recommandations sur les bonnes pratiques à suivre ont guidé les Banques, c’est le cas de la déclaration des valeurs négatives des intérêts sur les Intérêts Courus Non Echus (ICNE). Certaines anomalies comme la déclaration des contrats en défaut (sortie défaut) ont été traitées et les contrôles revus en conséquence par les déclarants. Autre problématique à laquelle sont confrontés les déclarants est le respect des délais de restitution qui vient se heurter à la problématique de la volumétrie des données à stocker et à transmettre par les déclarants compte tenu du seuil de déclaration (25 000 euros)

De plus, il faut répondre aux besoins de cohérence entre les données utilisées pour ce reporting et celles utilisées pour les autres reportings SURFI, FINREP, COREP et grands risques. Une grande agilité (architecture fonctionnelle et technique) est donc requise pour répondre à ces différents besoins.

Enfin, étape en cours, les établissements se concentrent sur le décommissionnement de la Centralisation des Risques en appliquant certaines conditions comme la justification par code interbancaire et par bénéficiaire des écarts éventuels entre les deux collectes, la convergence des déclarations de défaut entre Risques et Anacredit, la capacité à respecter le calendrier et l’exhaustivité des déclarations ainsi que la correction rétroactive des données.

Le nombre d’anomalies détectées actuellement met en évidence des types d’écarts entre les deux collectes, comme par exemple sur l’exhaustivité de la liste des tiers à déclarer pour Anacredit qui doit correspondre a minima à celle de la CDR, ce qui conduit à maintenir une période de « parallel run » encore autorisé jusqu’à la fin 2019.

La mise en place des directives d’Anacredit n’est pas finie

D’une part, les établissements de crédit bénéficiant de dérogation de remises d’Anacredit seront soumis à la collecte intégrale des données Anacredit à partir de janvier 2020 (en remplacement des déclarations de Centralisation des Risques, après une période de double remise). Ils devront donc se mettre en ordre de marche pour fournir dans les meilleurs délais un reporting granulaire, de qualité.

A savoir que la liste de ces bénéficiaires de dérogation est déterminée chaque année par la Banque de France. Elle classe par ordre croissant les établissements de crédit en fonction de leurs encours de crédit et cumule la part de chacun sur le total des encours qu’elle déclare à la BCE. En dessous de 2% du montant total déclaré à la BCE, l’établissement de crédit peut bénéficier d’une dérogation.

D’autre part, selon la BCE, la directive Anacredit devrait évoluer vers une déclaration des prêts accordés aux particuliers (notamment les prêts immobiliers). Celles-ci sont encore à l’étude par la Banque Centrale Européenne. A cela s’ajoutent des discussions d’ordre juridique par la Banque de France sur l’anonymisation et la protection des données pour les particuliers.

Enfin, sa mise en place présente une adhérence forte avec le projet de convergence des données Risques et Finance que l’ensemble des grandes Banques se préparent à mettre en place dans le cadre des recommandations du Comité de Bâle « BCBS 239 – Principles for effective risk data aggregation and risk reporting ».

À terme pour les établissements financiers, ce programme devrait :

  • Répondre aux recommandations de la BCE concernant la collecte des données notamment liées au Référentiel et Datawarehouse ;
  • Permettre la mise en qualité de données Risques et Finance sur l’ensemble des chaînes de production ;
  • Prendre en compte les besoins métiers pour traiter les problématiques de rationalisation et d’optimisation de production des reportings.

Les enjeux liés aux principes du reporting BCBS 239 s’articulent autour de trois facteurs clés : industrialiser et sécuriser la production des reportings réglementaires, améliorer la mise en cohérence des données et des reportings réglementaires et enfin accroître la réactivité et l’adaptabilité aux nouvelles demandes réglementaires. Cela rejoint bien les facteurs de succès de la mise en place du reporting Anacredit.

CRISE SANITAIRE
Anacredit

Contact 

Directeur de rédaction : Pascal De Lima, Chef Économiste

Experts des practices Harwell Management : 
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Conformité & Contrôle
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