Lutte Anti-Blanchiment
Lutte anti-blanchiment, ou comment réglementation et business peuvent faire bon ménage…
Le mille-feuilles règlementaire s’alourdit d’année en année
Dans un contexte où les obligations légales et règlementaires sont en constante augmentation avec de nouvelles exigences imposées à l’industrie bancaire notamment en ce qui concerne sa capacité à connaître ses clients (Know Your Customer) et à renforcer ses dispositifs de conformité et de contrôle interne, les différents acteurs du marché sont confrontés à la difficile tâche de devoir concilier leurs activités et les nouvelles dispositions imposées par les instances de régulation tant au niveau international (Comité de Bâle, GAFI…), européen (Commission Européenne, ABE…) que national (ACPR, AMF…). Par ailleurs, l’augmentation du nombre de sanctions (pécuniaires, disciplinaires) infligées aux établissements bancaires et financiers, toutes zones géographiques confondues, montre clairement que la tendance est à un accroissement des moyens d’investigation des régulateurs en matière d’activités criminelles et à une volonté renforcée d’imposer des amendes de plus en plus lourdes.
Le combat permanent des régulateurs serait-il vain ?
Les textes fondateurs de l’Anti-Money Laundering (AML) et du Bank Secrecy Act (BSA) visaient initialement à :
- se doter de moyens de renforcer le marché international
- réduire la complexité et l’opacité des opérations transfrontières
- protéger la Société de la criminalité financière et du terrorisme
- préserver la prospérité économique
- garantir la stabilité économique et financière à l’échelle de la planète
Or, au début des années 2000, des évènements majeurs survenus dans le monde dans le domaine du financement du terrorisme et dans celui de la délinquance financière tels que les attentats du 11 Septembre, la faillite des banques, les subprimes, Madoff, Kerviel etc… ont mis en évidence un nombre significatif de défaillances des établissements en matière de conformité, de contrôle permanent et de surveillance des risques qui ont incité les régulateurs à entrer dans un cycle plus répressif.
En dépit du renforcement des contrôles au sein et à l’encontre des institutions financières ayant pour conséquence des amendes significatives et des procédures plus lourdes, les causes endémiques sous-jacentes de ces pratiques délictueuses s’avèrent particulièrement résistantes à cette “chasse aux sorcières”.
Les apports bénéfiques mais coûteux des établissements dans cette lutte
En réponse à ce constat, les banques ont massivement investi dans les technologies de l’information pour améliorer l’inter-connectivité et la sécurité de leurs systèmes de données. Elles ont également développé des modèles sophistiqués de détection et de prévention d’activités suspectes et accru le contingent d’employés assignés aux investigations.
Toutefois, tant l’échange d’informations entre institutions financières que la qualité des rapports d’activités suspectes fournies aux gouvernements se sont largement améliorés. Les systèmes informatiques s’avèrent être un outil coûteux pour les établissements qui s’évertuent à agréger et analyser transversalement l’activité de leurs clients. Compte tenu du nombre relativement limité de talents disponibles sur le marché, les employeurs du secteur passent leur temps à débaucher les ressources rares chez la concurrence, ce qui entraîne une inflation dans les courbes de rémunération des profils à connotation conformité.
Qui plus est, les acteurs se livrant à des pratiques illégales n’ont de cesse de faire « progresser leurs modèles » ce qui a pour effet de contraindre les institutions financières à se livrer au perpétuel jeu du “chat et de la souris”.
Le développement commercial dynamisé par la connaissance du client
Cependant, ces efforts en matière de KYC offrent de sérieux bénéfices. Les améliorations des systèmes de données et de leur analyse ont fourni une source d’information très riche aux acteurs majeurs du marché. Leur connaissance de plus en plus pointue de leurs clients leur permet d’affiner leur stratégie de marketing et d’améliorer leur taux de couverture.
Quand la lutte contre le blanchiment s’avère efficace, elle aide bien évidemment à protéger les clients et le grand public, mais elle permet aussi de faire évoluer favorablement la réputation des sociétés qui y consacrent des moyens significatifs.
En définitive, les problématiques AML/BSA ne doivent pas être cantonnées au seul département Conformité des entreprises. Elles sont de fait de la responsabilité de chacun. Par une compréhension claire de “qui fait quoi” en la matière et du formidable “boost” qu’elle apporte au banquier dans sa connaissance du client, elle offre de nouvelles opportunités de développement commercial tout en redorant le blason d’un secteur cloué au pilori ces dernières années.
En bref, la façon d’utiliser le renforcement des contrôles pour dynamiser son propre développement est l’un des enjeux majeurs de la banque de demain.
