Banques françaises : des résultats nets laissant la crise derrière elles

Alain Bueno, Senior Manager – Services d’Investissement

Les banques françaises ont affiché cette année des résultats nets proches de ceux d’avant crise. Après cinq ans de crise financière, puis de crise économique, elles reviennent dans le peloton des grandes entreprises françaises qui dégagent les bénéfices les plus éclatants. A eux seuls, les quatre premiers groupes français – Crédit Agricole, BNP Paribas, BPCE et Société Générale – ont affiché 15 milliards d’euros de bénéfices nets en 2013, soit l’équivalent des profits des trois premiers réseaux avant crise.

Symbole de ce retour en force, le Crédit Agri¬cole affiche aujourd’hui le meilleur résultat 2013 des banques françaises, avec un bénéfice net de 5,14 milliards d’euros, détrônant ainsi BNP Paribas, se relevant ainsi d’une année 2012 marquée par ses investissements dans la banque grecque Emporiki. Depuis la crise des « subprimes » en 2007, les banques françaises ont dû transformer leur modèle, sous la pression de régulateurs soucieux de réduire le risque systémique. Sous l’impulsion de Bâle III, les banques ont renforcé massivement leurs fonds propres, et amassé en parallèle des réserves impressionnantes de liquidités en réduisant notamment leur bilan via des cessions d’activités ou de portefeuilles de crédits. Aujourd’hui, pour les quatre principaux acteurs français, globalement 60% de leur résultat net provient de leur Réseau France et International ainsi que des Services Financiers Spécialisés; la contribution des métiers de Banque de Financement et d’Investissement avoisinant les 25% et celle des Services aux Investisseurs oscillant entre 5% et 20% selon les établissements. Le travail pour rentrer dans les clous réglementaires est donc maintenant largement abouti, à fin décembre, BPCE, Crédit Agricole, Société Générale et BNP Paribas affichent toutes des ratios de fonds propres « durs » supérieurs ou égaux à 10 %, largement au-delà des attentes des régulateurs.

Fortes de leur bilan restructuré, les banques regardent vers l’avenir. Pour renforcer leur rentabilité, elles actionnent en priorité le levier des coûts, via des plans d’économies. BNP PARIBAS exécute son programme « Simple and Efficient » au niveau du groupe, Société Générale et BPCE à la suite du Crédit Agricole, envisagent de rationaliser leur réseau d’agences en France au profit du digital. BNP Paribas a ainsi durci son plan, et porté son objectif d’économies annuelles récurrentes à 2,8 milliards d’euros (+ 800 millions) à partir de 2016. Elle vise un ratio de rentabilité de ses fonds propres (ROE) d’au moins 10 % en 2016, contre 7,7 % hors exceptionnels en 2013. Sa concurrente Société Générale a pour objectif d’atteindre le même seuil dès 2015. Des ambitions modestes en regard de celles qu’elles affichaient avant-crise. Mais les régulateurs ne les autorisent plus à prendre les risques des années 2000.

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